La confiance est un objet de curiosité pour les sociologues.
Le premier à avoir analysé de façon systématique la présence, dans la confiance, d’une composante autre que cognitive est le sociologue Georg Simmel.
Il rapproche la confiance à la foi, en affirmant que compter sur quelqu’un sans raison apparente repose sur le même schéma que de celui croire en une divinité sans avoir de preuve de son existence.
« Le moi s’abandonne en toute sécurité, sans résistance, à sa représentation d’un être se développant à partir de raisons invocables, qui cependant ne la constituent pas ».
Qu’est-ce que la confiance en l’autre ?
À la base de notre modèle social, la confiance en l’autre est nécessaire pour vivre en société.
Réfléchissez, en passant par votre famille jusqu’à vos collègues, plus la confiance règne dans vos relations, mieux vous vous sentez bien avec les autres.
Un concept humain, trop humain
La confiance en l’autre est inhérente à notre humanité. Depuis toujours les peuples se sont unis (bon, ils se sont aussi pas mal battus, mais c’est une autre histoire), car sans confiance en quelqu’un d’autre, nous sommes tous seuls.
Et seul, rien ne peut vraiment fonctionner correctement. En effet, nous avons tous besoin d’autres personnes avec des histoires et des compétences différentes pour avancer dans la société et grandir.
Cependant, accepter de donner sa confiance, c’est aussi d’accepter le risque, tout aussi humain de la trahison.
Pour le philosophe écossais, David Hume (1711 – 1776), fin observateur de la psychologie humaine, en faisant une promesse à quelqu’un « non seulement j’invite autrui à me faire confiance, mais je l’invite aussi à ruiner ma réputation si je manque à ce que j’ai promis »
La confiance innée au début de notre vie
Vous connaissez la différence entre inné et acquis ?
Et bien la confiance est innée et s’acquiert de manière inconsciente chez les tout-petits.
Elle est, en effet, l’un des premiers sentiments développés par l’enfant de façon naturelle. Une fois venu au monde, un bébé n’aura pas d’autres choix que de faire confiance à ses parents qui sont censés veiller à sa santé et à son bon développement.
Si la confiance est brisée entre les parents et la progéniture, le système de valeurs familial s’écroule et c’est une première faille qui va mettre en danger le concept de confiance chez l’enfant.
La confiance, un contrat moral pour maîtriser l’avenir
Dans la vie sociale, le fait de pouvoir compter sur quelqu’un est primordial.
On donne souvent sa confiance sans réfléchir de manière philosophique à ce qui la constitue, alors que si on y regarde de plus près, sans confiance, toute vie sociale organisée est tout simplement impossible.
La confiance pose les bases du contrat social qui régit notre vie. C’est une valeur fondamentale pour s’épanouir et trouver sa place au sein de la société.
On parle beaucoup de méfiance politique, or, quand la confiance entre le peuple et le pouvoir disparaît, une crise sociale survient indéniablement.
L’homme a besoin de confiance pour croire à son avenir, c’est aussi pour cela que dans la vie comme en politique, nous faisons confiance encore et encore, au risque d’être déçus, mais surtout, parce que la confiance apporte de l’espoir dont nous avons tout aussi besoin !
Comment faire confiance à une personne ?
Rien de plus beau que de compter sur un autre être humain. Mais comment faire pour donner sa confiance sans craindre une trahison ?
Avoir confiance en sa propre capacité de jugement
Pour faire confiance aux autres, mieux vaut d’abord avoir confiance en vous, et notamment en votre capacité de jugement.
De par sa nature dépendante, en faisant confiance à quelqu’un vous vous mettez dans un état de vulnérabilité, car vous êtes « à la merci » du comportement de cette personne.
Avoir confiance en vos capacités d’analyse et accepter le risque d’être déçu commence donc avec la confiance en vous.
Lâcher prise
Considérez l’autre comme un allié.
Après tout, lui aussi à tout à gagner à établir une relation de confiance avec vous.
En amour, quand la confiance va, tout va ! Faire confiance à son amoureux(se) est l’assurance d’être serein(e) quand il, ou elle n’est pas à nos côtés.
Dites-vous que si votre partenaire vous a trahi(e), après tout ce n’est pas votre problème.
Au boulot, apprenez à déléguer !
Un collègue qui veut tout contrôler lui-même renvoie une image de quelqu’un d’anxieux et d’arrogant qui pense que personne, mis à part lui ne peut faire le travail correctement. Alors pour éviter de passer pour un prétentieux, faites confiance et laissez les gens se débrouiller seuls.
C’est aussi comme cela que l’on apprend.
Au travail ou dans la vie personnelle, avoir confiance aux autres va vous permettre de vous libérer du stress et de construire des relations saines.
Et si un jour la déception pointe le bout de son nez, acceptez là. Ce n’est pas simple, mais cela fait aussi partie du jeu de la confiance et du hasard !
Attention à ne pas confondre la confiance basée sur notre jugement et nos expériences avec la crédulité, qui est une tendance à croire que tout ce qu’on nous dit est véridique.
C’est quoi une personne fiable ?
Une personne fiable est une personne en qui on croit.
À cause de son histoire, ses sentiments ou son rang social, nous faisons confiance pour diverses raisons et aussi pour nous faciliter la vie.
Sans confiance, pas d’acte. Compter sur d’autres personnes est la base de toute société.
Une personne fiable selon sa profession
Quand vous êtes malade et que vous allez chez le médecin, même sans le connaître, vous avez confiance en lui. Vous lui octroyez cette capacité à la lumière des connaissances qu’il a acquises et qui lui permettent aujourd’hui d’exercer.
Dans ce cas, la confiance règne sous l’égide du professionnalisme.
Le médecin a des connaissances que vous n’avez sûrement pas, dans ce cadre-là, vous faites donc confiance, non pas en une personne, mais au système (en l’occurrence au système universitaire) dont vous savez qu’il a bien formé le ou la spécialiste qui vous prend en charge.
La confiance dans les institutions
Vous avez sûrement entendu cette phrase « Laissons la justice faire son travail ». Dans ce cas, la relation de confiance est plus institutionnalisée.
On fait confiance à la justice, car c’est un instrument du droit qui est censé nous traiter de manière égale.
Les personnes
À partir du moment où vous avez une famille ou des amis, vous donnez votre confiance à des personnes en établissant un « contrat social et moral ».
Vous donnez votre confiance et attendez en retour que celui ou celle en face ne vous trahisse pas.
Les conséquences de la trahison
Vous avez donné votre confiance… et vous regrettez ! Aïe. Refaire confiance va vous prendre un peu de temps.
Vous vous sentez trahis et en subissez les conséquences.
L’enfer, c’est les autres, quand on a connu la douloureuse expérience de la trahison.
Mais après un peu de temps, il est possible de refaire confiance à nouveau et de laisser au passé, cette trahison qui nous a blessés.
Pistanthrophobia, ou la peur de redonner sa confiance
La Pistanthrophobia, c’est une peur de faire confiance à une personne extérieure.
Cette phobie s’explique par une expérience traumatisante où vous avez fait confiance à un moment donné de votre vie, et la personne en face ne s’est pas montrée digne de cette confiance.
Si vous souffrez de pistanthrophobia, vous avez le sentiment que les gens n’ont pas cessé de vous décevoir et ne voyez rien de positif à donner votre confiance. Vous allez commencer à devenir méfiant(e) avec tout le monde.
Malheureusement, cela peut rapidement vous gâcher la vie. En effet, au travail ou dans votre vie personnelle, vous devez toujours faire confiance à un grand nombre de personnes. Votre nounou qui garde les enfants, votre collègue de bureau qui va partager les informations nécessaires pour boucler ce dossier, les professeurs de l’école qui vont vous donner des conseils sur l’orientation de vos petites têtes blondes… bref, sans confiance, il devient difficile d’interagir au quotidien.
Tout aussi important, si vous sentez que vous ne pouvez plus faire confiance à personne, vos enfants vont, eux aussi développer la même phobie sociale.
Perte de confiance dans votre jugement
Vous ne faites pas confiance aux autres, certes, mais vous manquez également de confiance en vous.
Le simple fait de vous méfier, d’être dans l’incapacité de juger une personne ou une situation va vous amener à avoir des pensées négatives et à avoir peur de l’échec.
Savoir qu’une personne est digne de confiance repose la plupart du temps sur un jugement et un « feeling » que l’on a en ressentant l’énergie de l’autre personne.
Si votre jugement interne est altéré, vous allez vous sentir perdu dès qu’une situation va se présenter, car, la peur d’être à nouveau déçu(e) va prendre le dessus sur la raison et sur votre intuition.
Conclusion
La confiance est un besoin vital, profondément humain. Premier sentiment développé par les bébés, la confiance trouve sa place à chaque moment de notre vie.
Sans elle, pas de mariage, d’amitié ou de possibilité d’évoluer.
Une perte de confiance peut arriver à tout le monde.
Si nous cherchons tous à vivre les meilleures expériences possibles, la vie est aussi faite parfois de mauvaises surprises, de déceptions et de tristesse.
Dites-vous que tout le monde a déjà été déçu par autrui, mais le plus important, ce n’est pas tant les événements qui se présentent à vous, mais la façon dont vous réagissez.
Alors, pourquoi se priver de faire la connaissance de nouvelles personnes formidables ou de vivre sereinement ?
Ayez confiance en votre instinct qui va vous mettre sur la bonne voie, et repensez avec bonheur aux personnes dans votre vie à qui méritent votre confiance et qui ne vous trahiront jamais !
Sources :
- Georg Simmel, Philosophie de l’argent, PUF, 1987, p. 197.
- Enquête sur les principes de la morale, III, III, 3